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Laure a vingt et un ans, bientôt vingt-deux.La veille, il faisait beau, les premières feuilles des frênes s’entrouvraient, la nature s’éveillait. Aujourd’hui, elle ne sait pas. Elle ne sait plus.Elle est aux soins intensifs, la tête enrubannée d’un pansement qui ne laisse libres que sa bouche, son nez et son œil gauche… Elle aimerait tant voir le ciel ! Hélas, la fenêtre se trouve à sa droite. Avec son seul œil gauche, pour regarder dehors, il lui faudrait tourner la tête, manœuvre rendue impossible par ce carcan qui lui interdit tout mouvement de la nuque. Elle devine seulement qu’il doit faire grand beau : la lumière dans la chambre est vive et un reflet sur le métal de la potence lui indique que le soleil brille à l’extérieur.Elle entend les brancardiers qui commentent :— Si j’ai bien compris, elle s’est ramassé une balle perdue…— On a pu extraire la balle qui s’était logée dans son cerveau. L’ennui, c’est qu’au passage, le projectile a passablement abîmé l’orbite, qu’il a fallu reconstruire au moyen de morceaux d’os prélevés sur les côtes de son flanc droit.C’est là, d’ailleurs, qu’elle souffre le plus. Chaque fois qu’elle respire ou qu’elle tousse…Elle saisit un échange entre les toubibs :— Elle va probablement perdre l’usage de son œil droit.— Attendons ! Il est trop tôt pour savoir quelles seront les séquelles de cet accident. Elle est jeune ! Il y a parfois des récupérations inattendues !« Accident ? Quel accident ? » pense Laure. Elle n’a aucun souvenir de ce qui s’est passé !

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